La jalousie ne gênerait en aucun cas la belle Bahiyyih qui, elle aussi, pouvait se montrer jalouse des temps ne temps. Envers Beom. Envers les personnes qui s'approchent un peu trop de lui. En revanche, elle ne le montrait pas vraiment. Parce qu'elle n'avait aucune raison de le montrer. Après tout ils n'étaient pas ensemble. Et finalement tout retombe. La pression, surtout. Elle qui pensait qu'il n'y avait que deux réponses possibles. "Non" ou "oui". Mais pas une réponse comme celle que lui donne le beau brun. Pas un "oui" suivi du fait qu'il lui tende sa joue. Pourquoi ne lui avait-il pas tendu ses lèvres ?

Puis elle comprend. Il a tout aussi peur qu'elle. Alors elle devient la jeune femme la plus douce qu'il soit en s'approchant, lui prend délicatement le visage des deux mains et le regarde quelques secondes. Détaillant chaque traits de ce visage si parfaits, avant de dire : "Je n'ai jamais vu de visage aussi parfait. De personne aussi parfaite. Même mon petit-ami imaginaire ne t'arrive pas à la cheville...". Elle baisse alors la tête et regarde ses pieds, descendant ses mains sur le torse de Beom. Fallait-il qu'elle se lance ? Ou devait-elle lui laisser encore un peu de temps. Pour digérer cette nouvelle. Pour digérer le fait qu'elle lui avait plus ou moins menti. Mais, surtout, le fait qu'elle n'avait pas été sincère. Du moins, dans un sens. Parce que bien sûr qu'elle avait été sincère avec lui. Sur leurs moments passé. Sur leurs discussions. Seulement, elle ne l'avait pas été sur ses sentiments. Tout simplement parce qu'elle ne les lui avait pas avoué avant aujourd'hui.

Tous les moments passé ensemble, leurs rires, leurs danses, leurs discussions, lui reviennent en tête. Se pouvait-il que tout était réciproque ? Et pour le savoir, rien de mieux que de poser la question. Alors, les mains contre son torse, toujours, elle lui demande : "Qu'est-ce que...est-ce que tu ressens quelque chose pour moi ?". Avant d'enchaîner plutôt rapidement : "Moi oui...". Maintenant, soit elle allait se prendre le plus gros râteau de sa vie, soit tout autre chose de plus romantique.

Lui avoir tendu la joue d'une manière innocente, enfantine. Ne pas avoir pensé à mal lors de l'acte, uniquement d'une manière posée. Ne pas vouloir la surprendre, l'obliger à quelque chose qu'elle ne veut probablement pas. S'être rapproché d'elle depuis les derniers mois, vouloir la sentir contre lui depuis longtemps. La prendre dans ses bras sans arrière pensées, savoir qu'elle accepterait cette proximité sans même demander d'explications. En être fou mais avoir bonne conscience tout de même. Vouloir mettre de la distance entre eux avant d'avoir de sérieux problèmes avec la famille tout entier. Être trop ami avec son frère pour sauter sur sa soeur ... Et le comprendre parfaitement.

Être surpris de son refus non verbal, de ne pas avoir eu les lèvres de la belle sur sa joue. Avoir un pas de recul lorsqu'on se fait attraper le visage, grimacer légèrement à la suite. Fixer son regard, se perdre dans ce dernier quelques instants. La trouver encore plus magnifique lorsqu'elle prononce des mots doux, vouloir fondre. Imaginaire ... Prononcer ce mot en presque silence, réaliser à tort tout ce qu'on a entreprit depuis le début. S'être fait un film avec des mots entendus ici et là. Avoir pensé la savoir en couple, inaccessible. Savoir le contraire, s'en réjouir mais à moitié. La trouver beaucoup trop près, beaucoup trop entreprenante pour la petite soeur de son meilleur ami. Les mains de la belle baissent doucement, ne plus être capable de la regarder dans les yeux. Être terrifié. Tout simplement. Se dire qu'on a été un pur imbécile et le regretter. Dès les premiers mots échangés avec elle, il y a quelques années. Jusqu'à aujourd'hui et de ne pas être capable de la regarder comme elle le mérite. Comme la plus belle des pierres précieuses possible d'être contemplée.

Ses mots se bousculent, ses mots s'agrippent dans un univers que jamais, n'y avoir pleinement pensé. Avoir longtemps fantasmer sur elle, sur des mots qu'elle aurait pu prononcer. Et maintenant que c'est chose faite, ne plus savoir quoi répondre. J'en sais rien. Être incapable de lui dire que oui, qu'il y a une partie de sentiments qui ne cherchent qu'à sortir et s'exprimer. Être incapable de lui dire que oui, plus rien ne pourra les séparer. Penser au reste, à tout ce qu'on a pu vivre jusqu'à maintenant. Avec elle mais également sans elle. Une vie un peu perdue, à la dure, pendant des mois avant sa rencontre. Avoir été en couple, ne pas avoir encore digérer ce qu'on a pu vivre avec celle fille. Comprendre que chaque personne est différente et que cette demoiselle n'a rien de semblable avec l'ex névrosée. Redouter tout de même, une parcelle de moment à la fois. Je suis un peu ... À la bourre ? Y'a ton frère et j'en sais rien Bahiyyih. J'aimerais te dire que moi aussi car c'est le cas mais y'a ton frère. Et ... Y'a ton frère. Être incapable de lui donner une autre raison. Penser sans cesse à lui et à toutes ses réactions possible. Se trouver lamentable d'agir ainsi envers elle mais ne plus savoir sur quel pied danser. Un comble pour un danseur.

Bahi comprend. Elle comprend que tout ça...ça fait beaucoup. C'est pour cela qu'elle n'insiste pas. Elle se recule, regarde derrière elle, vers son sac, avant de déposer un baiser sur la joue de Beom et de se diriger vers le premier. "Je devrais te laisser un peu tranquille...". Après tout, il avait raison. Il y avait son frère qui ne le prendrait sans doute pas bien. Et même si la jeune femme aimerait être égoïste, elle ne voulait pas qu'ils soient tous les deux en froid. Cela étant, elle prit une grande inspiration, pour prendre un peu de courage. Sac sur l'épaule, elle avoua : "Je vais aller dans une autre salle. Je dois m'entraîner pour un projet top secret.". Puis, souriant tendrement, elle termina : "Je ne t'en veux pas. J'espère que tu ne m'en veux pas non plus...Bonne journée, Beomgyu.". S'en allant alors dans une autre salle, elle posa son sac, ravalant ses remords et lança une musique.

Sur les paroles d'Ariana Grande, la jeune femme essaya d'être la plus sexy possible sans être vulgaire pour autant. Finalement, elle se laissa tout simplement aller à ses propres démons et dansa encore et encore. Peut-être n'aurait-elle pas dû partir comme ça. Peut-être aurait-elle dû faire autrement, mais elle avait eu besoin urgemment de se défouler sur une danse. Comme si, si elle ne le faisait pas, elle allait succomber. Mais succomber à quoi ? A la peur ? A l'amour ? A la haine qu'elle se voue à elle-même pour être aussi lâche ? Laissant la musique l'emporter sur ses pensées, Bahi ne se rendit alors plus compte de rien. Même pas de sa propre petite chute, qui ne lui fit pas mal, avant de recommencer à danser.

Musique

Ce changement de situation. Ce rapprochement qui, peu à peu, devient un faussée entre eux. Un grand et énorme faussée. Ne pas y croire, pas lorsqu'elle mentionne des mots qu'on a terriblement attendu. Les prendre avec gentillesse mais ne pas savoir pleinement quoi y répondre. Le frère qui est sans cesse en tête, qui n'accepterait pas cette liaison. Et le coeur également. Ne pas savoir si ce dernier serait capable de tomber véritablement amoureux de quelqu'un à nouveau. Avoir peur du rejet, de s'en prendre pleins la gueule et ne pas arriver à aligner deux mots par la suite. Savoir qu'elle n'est pas comme ça, qu'elle agit pleinement avec son coeur et son âme. Juste ... Hésiter. Être un peu trop soi-même depuis les dernières semaines. Se poser trop de questions pour quelque chose d'aussi simple. Avoir envie de fondre dans ses bras, de lui dire que les sentiments sont partagés, qu'elle nous plait fortement. Mais hésiter, hésiter ... Et encore hésiter.

Rester là, lorsqu'elle décide de partir. La regarder sans rien mentionner.  Elle s'excuse pour son agissement, avoir envie de lui dire qu'elle n'y est pour rien. Que c'est nous. Nous et nous seuls. Qu'elle n'a rien à se reprocher, qu'elle peut partir la tête haute. Ne pas être capable d'être celui qu'on aimerait être dans de telles circonstances et simplement ... La laisser aller. Elle quitte la pièce et on rage intérieurement. La tête baissée dans un premier lieu, la relever, les yeux embués. Ne plus savoir sur quel pied danser. Avoir été enivré trop longtemps par elle, par son parfum, par chaque petit morceau de son être tout entier. Avoir envie de partager plus que de simples pas de danse avec elle. Avoir envie de se projeter dans un futur par si lointain, toujours avec elle. Et jamais avec personne d'autre. Avoir été en couple pendant quelques mois et l'avoir regretté. Pas avec la bonne personne, pas avec elle. Mais ne pas être certain à cent pour cent de ce qu'on pense, de ce qu'on a réellement envie. Avoir peur de se tromper et de mettre fin à cette amitié qu'on chérie plus que tout au monde.

Faire quelques pas et se diriger dans l'autre pièce, pour la regarder danser. Rester là, sur le bord de la porte. Jouer avec ses propres démons, ses propres sentiments. Ne plus être capable de réfléchir convenablement, rire de soi et du bordel grandissant dans notre tête. Et dans tout ce qui se trouve entre les deux. La passion, la haine. Le bonheur et l'envie de hurler. Tout en même temps, se poser encore et toujours de vilaines questions qui ne cesse de revenir et de devenir problématique pour tout le monde. Et le comprendre cette fois-ci. Et elle tombe. Elle tombe, Bahiyyih. Elle tombe en avant mais se redresse, recommence à danser tout de suite après. La regarder aller, avoir fait un pas en avant et un autre par la suite. Et puis voilà ... Avancer, ne pas regarder en arrière. Se foutre de la chanson qui se termine et qui repart sur une autre. Quelque chose de moins vulgaire, de plus ... Étrange pour des pas de danse. Mais s'en moquer. Arriver à sa hauteur, l'attraper par le bras et se pencher avec elle. Poser ses lèvres sur les siennes, délicatement. Espérer ne pas regretter ce mouvement, ne pas regretter ce qui arrivera par la suite. Espérer ne pas se tromper, d'avoir encore le temps de vivre une histoire d'amour avec une jolie fille. Avoir envie de prendre soin d'elle et de se moquer des gens tout autour. Espérer ...

Le problème principal des deux jeunes gens serait sans doute le suivant : ils se croient coupables dans chaque cas où il y a une simple petite possibilité que ce soit le cas. C'est pour cela que la situation semble échapper aux deux, mais que Bahi ne se rend pas compte de la culpabilité qui court dans les veines de son beau brun. Parce qu'elle se sent elle-même coupable. Bien plus que quiconque pourrait le penser. Tout simplement parce qu'elle se sent mal d'avoir, presque, forcé Beom a faire quelque chose qu'il ne voulait pas faire. Ou, plus précisément, à avouer quelque chose qu'il n'était pas prêt à avouer. C'était égoïste de sa part et elle s'en rendait compte. Elle ne voulait pas qu'il lui en veuille, mais elle comprendrait si c'était le cas. Alors elle le laissa tranquille et partie danser à en tomber. Avant de se relever, sans remarquer le jeune homme qui l'avait rejointe. Lorsqu'elle sent finalement une main sur son bras, ses yeux semblent voir enfin quelque chose alors qu'ils étaient bel et bien ouverts un peu plus tôt et, donc, devaient se rendre compte que lui était là. Mais non, elle ne l'avait pas vu. Comme si sa culpabilité l'aveuglait. Comme si la danse l'envahissait tellement qu'elle ne pouvait que l'aveugler également.

Son coeur s'arrête de battre un petit millième de seconde avant de se remettre à battre à tout rompre. Elle regarde alors Beom, pleine d'espoir et pleine d'incompréhension en même temps. Puis il dépose ses lèvres délicatement sur les siennes. Puis elle répond à son baiser. Posant une main dans la nuque du jeune homme, s'accrochant à lui comme si sa vie en dépendait. Etait-ce réellement en train d'arriver ou était-ce un rêve ?

Finalement, lorsque le baiser s'arrête, la jeune femme, souffle court, pose son front contre celui de son beau Beom. Elle est heureuse et ne peut s'empêcher de sourire grandement.

Poser un regard sur elle et sur son travail. Ne pas vouloir la déstabiliser et qu'elle puisse rejeter la faute sur notre personne. La trouver adorable mais ne pas savoir exactement comment le lui faire comprendre. Probablement avec des mots. Des mots secs mais précis. Avoir été incapable de lui dire le fond de sa pensée, penser uniquement au frère de la chanteuse. À son frère et à tout ce qu'il pourrait lancer s'il comprenait la moitié de ce qui se passe maintenant. La moitié serait suffisant pour avoir des complications. Même la moitié de cette moitié. Et la moitié de cette moitié. Regretter de la voir partir. Avoir eu envie de la faire rester, de la prendre dans ses bras, de lui dire que tout allait bien se passer. Mais l'avoir laissé partir. Encore une fois. Comme à chaque fois que la journée s'achève, se promettre de lui parler et de lui confirmer tout ce qui se passe dans la tête. Être incapable de le faire ... Comme toujours.

Mais pas aujourd'hui. Écoeuré de la voir partir. Écoeuré de devoir se retenir pour ne pas parler. Pour ne pas s'exprimer, pour ne pas blesser quelqu'un dans l'histoire. Avoir compris quelques signes de son côté et avoir espéré ne pas se tromper. Des sourires moqueurs, des conversations qui s'éternisent un peu trop. Des coups d'oeil, un autre sourire mais beaucoup moins discret. Avoir compris l'attirance, ce désire d'aventures. Ne pas être certain d'elle pour autre. Avoir besoin de faire sa vie et non d'uniquement s'unir pour quelques jours, quelques heures ... Pour un plaisir charnel sans réels sentiments. Avoir déjà donné, avoir pensé que les sentiments étaient réciproques. Avoir été amoureux d'une perle, d'une jolie fille, de quelqu'un avec une bonne tête sur les épaules. S'être fait rire de soi, avoir peur de recommencer sur cette lignée. Avoir peur de redonner son coeur et d'avoir des complications par la suite. À nouveau.

Faire un pas dans la salle, prendre une grande respiration. Essayer, se dire que tout est perdu si personne n'essaie. Le premier pas a été fait de son côté, à elle. Des mots qui ne sont pas évident à dire mais qui ont tout de même été lancé. Peut-être d'une manière incertaine mais lancés quand même. Et un nouveau pas fait dans la salle, suivis de pleins d'autres. Se rapprocher d'elle, la prendre par le bras et l'embrasser. Oser. Enfin. Un baiser doux, espérant qu'elle puisse y répondre. Ce qu'elle fit sans même lui parler. Je ne veux pas avoir Kai sur le dos. Je ne veux pas devoir m'expliquer avec lui sur un sujet qu'il ne le regarde pas. Avoir peur de ce garçon et de sa réaction. Se jurer de ne jamais lui en parler, de garder le tout secret. Si ce tout devient concret, bien entendu.