Le temps semble figé, comme s’il ne passait pas. Yu-Jin a le sentiment que l’heure reste la même à chaque fois qu’elle regarde l’horloge. Pourtant, le temps passe. La journée n’est même pas désagréable, un entrainement de danse comme elle en fait plusieurs par semaine. La seule différence entre aujourd’hui et un autre jour, c’est qu’elle a hâte qu’elle se termine, parce qu’elle a des projets pour la soirée, ce qui la rend légèrement impatiente. Malgré tout, cela ne se ressent pas dans son travail et l’entrainement se déroule aussi bien que d’habitude. A peine terminé, elle explique en quelques mots aux filles qu’elle sort ce soir et saute sous la douche. En un temps record, elle est prête et enfile un masque et une casquette pour son trajet (on ne sait jamais).

Dans le café dans lequel elle a rendez-vous, elle est la première arrivée. Un coup d’œil sur sa montre met en évidence qu’elle était tellement pressée qu’elle est arrivée en avance. La voilà donc qui patiente tranquillement.

Le lieu change régulièrement, mais il est convenu qu’elle retrouve au moins une fois par mois (minimum lorsque leurs emplois du temps sont chargés, mais c’est en réalité beaucoup plus) son amie Bahiyyih, avec qui elle a sympathisé au point qu’à présent, elles ont pris l’habitude de se confier l’une à l’autre sur tout et rien. Une pause et une bouffée d’oxygène plus que bienvenue dans leur monde où la pression est monnaie courante. « Bahi ! » L’interpelle-t-elle en lui faisant un signe de la main lorsqu’elle la voit entrer dans le café. Pour la saluer, elle la prend dans ses bras avant que les filles s’installent ensemble. « Comment vas-tu ? » Demande-t-elle, tout en attrapant la carte. Maintenant que son amie et là, elles vont pouvoir commander…Mais surtout papoter !

Un peu trop pressée. Bahiyyih était très déçue de ne pas pouvoir arriver plus tôt dans ce café dans lequel elle allait retrouver une très bonne amie. Une confidente, à demi mot. Elle s'était décidé à faire un peu de sport, mais n'avait pas vu l'heure et avait pris une douche un peu tard pour arriver en avance comme, elle en était certaine, Yu-Jin le ferait. Mais elle ne s'était pas laissé prendre par ses émotions et avait décidé de, tout simplement, se dépêcher sous la douche. Avec l'aide d'une des filles de Kep1er, elle avait également fait son maquillage rapidement avant d'être prête pour retrouver la jeune femme.

Se trouvant finalement devant le café, elle entra et s'excusa du "mini" retard qu'elle avait eu. En réalité elle était surtout pile à l'heure. "Vraiment désolée, je n'ai pas vu l'heure passer, du coup j'ai essayé de prendre moins de temps pour me laver etc...Ca va et toi ?". Elle fit un grand sourire à son amie avant de regarder la carte. Que pouvait-elle bien prendre ? Oh, et puis tant pis, elle allait se décider un peu plus tard. "Quoi de neuf ? Du nouveau de ton côté ?". Elle était trop curieuse, la jolie Bahiyyih. Un peu beaucoup trop curieuse. Mais ce n'était pas si mal ici. Tout simplement parce que les deux filles étaient comme ça ensemble.

Toujours souriante, la plus jeune des deux se tourna vers la plus "vieille" qui n'avait rien répondu encore. Mais elle savait que ça n'allait pas tarder. Parce que c'était tout simplement inévitable.

Être en avance était devenue une telle habitude que son amie en venait pour s’excuser un retard inexistant : Bahiyyih était pile à l’heure. Et même si Ryu-Jin avait dû attendre, cela n’aurait pas été grave non plus. Leurs emplois du temps respectifs rendaient parfois les choses plus compliquées qu’elle ne le voudrait. Les excuses de son amie firent sourire la rappeuse. « Ne t’en fait pas, tu es pile à l’heure ! » La rassura-t-elle. « Je suis épuisée par les entrainements mais je vais bien. » Enfin, il n’y avait pas que les entrainements. Elle ne se reposait pas assez, préférant sortir et voir ses amis plutôt que de se reposer la plupart du temps. Comme toujours, elle finira par prendre une bonne journée de repos pour se remettre en forme et reprendra la même routine. Ryu-Jin est trop attachée à ses ami(e)s pour se reposer plutôt que d’avoir l’occasion de les voir.

« J’aimerais, mais non ! » Lâche-t-elle, presque dépitée. Elle aimerait avoir une bonne nouvelle à annoncer, mais elle se ferme trop de portes. Il y a cette personne à qui elle ne veut pas penser, mais à qui elle pense malgré tout. Elle ne sait pas quoi faire, elle ne sait pas quoi penser. « Et toi ? Dis-moi que tu as des histoires passionnantes à raconter ! » Elle-même a un sujet à aborder, mais qu’elle ne sait pas encore comment mettre sur le tapis. Elle espère que le glisser au fil de la conversation sera plus simple.

La journée semble ne pas avoir été simple pour son amie. C'est pourquoi Bahiyyih avait décidé, simplement, de lui redonner le sourire. Enfin, elle avait plus ou moins le sourire, mais quelque chose en elle disait : "Pitié, fais moi passer une bonne soirée.". Eh bien voilà la mission de la plus jeune : lui faire passer une super soirée. Avec des rires, des potins et plein d'autres choses encore. "Toi, tu n'as pas vraiment dormis depuis un moment. Tu sais que ça peut te faire plus de mal que de bien, hein ?". Elle regarda la carte, comme si elle ne venait pas de faire une mini morale à Yu-Jin, tout en souriant, comme si de rien était. La brune savait très bien que ce n'était pas méchant. Mais c'était une façon pour la blonde de veiller sur la brune.

"Bon, je sais pas quoi prendre. Ca te dit on choisi l'une pour l'autre ?". Propose-t-elle avant de poser la carte et de regarder Yu-Jin droit dans les yeux, très sérieuse. "Et il n'y a rien de mon côté. Rien du tout. Quoi que...non. Rien du tout.". Le petit "quoi que" était là pour lui faire croire qu'il y avait quelque chose, pour qu'elle soit curieuse et qu'elle insiste. Au final, Bahiyyih allait la faire tourner en bourrique. Ce qui serait plutôt drôle. Du moins c'est ce qu'elle pensait.

Il existe un seul tout petit problème lorsque l'on commence à avoir des amis proches : Ceux-ci commencent à trop bien nous connaître. Bahi n’a besoin que de jeter un regard sur elle pour évaluer son niveau de fatigue. « Je ne suis pas si fatiguée que ça. » Elle tente de chasser le sujet d’un revers de la main. Son amie sait sans doute que Ryu-Jin minimise la chose, mais elle doit aussi savoir qu’elle connait ses limites. Elle ne franchira pas le pas qui pourrait commencer à compromettre sa santé. Elle tient trop à son groupe et à sa carrière pour ça.

« Oui, si tu veux. » Acquiesce-t-elle en attrapant la carte. Elle comprend l’indécision de son amie : beaucoup de chose sur la carte donnent envie. Elle-même pourrait hésiter entre bien des choix. Mais ce n'est plus un débat. « Si tu le dis. » Elle a beau être suspicieuse, elle n'insiste pas. De toute façon, si il y a un sujet qu'elle veut aborder, elle le fera. Dans le cas contraire, Ryu-Jin ne franchit pas les limites : elle n'insiste jamais pour avoir une information qu'on ne veut pas partager avec elle. Question de respect. Par contre, il y a bien un sujet d'actualité sur lequel elle voudrait son ressenti. « J'ai appris pour Kep1er, comment vous le vivez ?  »

Alors que Ryu-Jin affirme qu'elle n'est pas si fatiguée que cela, Bahiyyih en doute. Pourtant elle lui fait confiance, sait qu'elle ne fera, en quelque sorte, aucune bêtise. "Bon, ok, mais si jamais, on organise un petit week-end pour se ressourcer au Washy hôtel. Piscine, coiffeur et ainsi de suite.". Lui souriant, elle prend finalement la carte pour regarder. Puis, en voyant une chose, un déclic se fait. Elle sait ce qu'elle va prendre à son amie. Elle est même prête à aller demander, mais sachant que Ryu-Jin n'était pas encore décidée, du moins Bahiyyih s'en doutait, elle n'allait pas brûler des étapes. Et finalement, LE sujet arrive sur la table. Celui de Kep1er. A combien vont elles être reconduites ? A 7, et bien c'est mieux que rien, n'est-ce pas. Rester positive. Il faut que la belle reste positive.

"Eh bien, on le prend bien, j'imagine. Ca met un petit coup, parce qu'on se dit qu'on aurait pu continuer comme avant, mais les choses vont un peu changer. Ce n'est peut-être pas plus mal. Il y avait quelques petites tensions, ces derniers temps. Rien de grave, mais je pense que les événements sont plus compliqués qu'il n'y paraît. Pourtant, les deux vont me manquer...Mais sinon oui, ça va.". Pour appuyer ses propos, la jeune femme sourie à son amie. "Tu as choisis ?" fait-elle en indiquant la carte, ne sachant plus trop quoi dire. Pensant au fait qu'être sept au lieu de neuf serait un gros changement, mine de rien.

Il y a un petit tilt qui résonne dans la tête de Ryu-Jin à l'évocation du Washy hôtel. Elle n'est sincèrement pas fatiguée au point que cela soit critique. Cependant, c'est le genre de proposition qui fait mouche même lorsque l’on n'a pas besoin de repos. Après tout, dans le fond, n'a-t-on pas toujours besoin de prendre soin de soi ? « Pas besoin d'être fatiguée pour y aller… » Murmure-t-elle presque, comme une enfant qui quémanderait une glace. C'est le début de la fin. Voilà que son amie lui a donné envie d'y aller…Et lorsque Ryu-Jin a une idée dans la tête, elle n'a plus qu'une façon de s'en débarrasser : céder.

Elle est sincèrement inquiète pour son amie en demandant des nouvelles de son groupe. Comme beaucoup, elle a appris la nouvelle en lisant les actualités, et tout de suite elle a pensé à Bahi, et à ce qu'elle devait ressentir. Et, honnêtement, elle semble accuser le coup mieux qu'elle ne le pensait. Elle-même ne sait pas comment elle réagirait si la structure de son groupe devait être amenée à être modifiée. « Des tensions ? Tu veux en parler ? » Encore une fois, elle n’insistera pas si elle ne veut pas entrer dans le sujet. « Si ça va, c’est le principal. Mais si tu en as besoin, on peut toujours le faire, ce week-end. » Ajoute-t-elle avec une pointe de malice. Ce n’est pas une plaisanterie. Si ça peut lui remonter le moral, après tout, pourquoi pas ? « Oui ! » Et sans plus de précisions, elle commande à son amie une boisson chocolatée en durée limitée, quelque chose qui semble bien bon et qui pourrait aider à remonter son moral.

Ryu-Jin commence à être interloquée par la proposition de la jeune femme. Connaît-elle cet hôtel mythique ? Ou, plutôt, y est-elle déjà allée ? Parce qu'évidemment, si c'est le cas, elle sait que c'est génial. Elle aura donc envie d'y aller à la seconde où Bahi dirait oui. "Hum...On verra, alors.". Fit-elle, simplement pour l'embêter. Une enfant. Ryu-Jin était parfois comme une enfant. Un peu comme si un fan de Disney allait à DisneyWorld. Rien que d'y pensait, la belle blonde se dit : "Tiens, il faudrait que j'y retourne.". Parce que rien ne vaut un petit allé-retour au parc Disney.

Peut-être un concert d'Ariana Grande, finalement.

Les filles vont alors sur un autre sujet. Le groupe Kep1er. Bahiyyih fait par de ses petits problèmes, qui n'ont rien d'alarmants, et son amie semble s'inquiéter de plus belle. "Oh, c'est seulement que le ton peut monter. Mais pour rien de grave et ça ne dure pas.". Pour la rassurer un peu, la jeune femme sourie avant de demander si son amie a choisi ce qu'elle voulait commander. Une fois l'affirmative reçue, Bahiyyih prit une boisson de saison, chaude, qui ne pourrait que faire du bien à Ryu-Jin. "Pour en revenir à ce week-end...je crois que ça fera du bien. Et pas que à moi.". Clin d'oeil lancé, très peu de temps après, les commandes arrivent. Ce qui ne manque pas d'étonner la chanteuse. Cela-dit, c'est agréable d'être servie aussi rapidement. Sa boisson devant elle, elle la sent. "Oh, Lala...Cette odeur...Divine.". Son regard se pose sur celle de la brune. "Et la tienne à l'air comment ?"

L’idée de l’hôtel reste en suspens, aucune organisation n’est faite, mais la porte n’est pas tout à fait refermée non plus. Rien de plus normal là-dedans : leur activité commune (bien que dans des groupes différents) offre son lot d’occasions d’être fatiguée, stressée, ou d’avoir juste besoin de faire une pause. L’ennui, c’est que la vie n’offre aucun bouton pause, qu’importe combien on peut en avoir parfois besoin. Ce genre d’endroit permet malgré tout de se ressourcer. Tout ce qu’il faut pour cela, c’est d’y investir un peu de temps. Malheureusement, du temps, c’est une chose que les deux idols ne possèdent pas en quantité illimité. Ni même en toute petite quantité d’ailleurs. Du temps pour soi, quand on fait partie d’un girls group, c’est dur à trouver. Heureusement, Ryu-Jin trouve qu’elles ne s’en tirent pas trop mal – même si de son côté, c’est en sacrifiant des heures de sommeil.

L’inquiétude est chassée, presque d’un revers de la main. « Ça arrive parfois, avec le stress, la fatigue, la pression… » Ryu-Jin essaye de toujours faire très attention à ce qu’elle dit, même agacée. Elle ne veut pas laisser la fatigue prendre le dessus et parler à sa place. Le plus souvent, tous ses problèmes se résolvent avec du repos. « Personne ne refuserait un week-end pareil ! Le plus dur, ça va surtout être de synchroniser nos agendas… » Car trouver du temps libre est déjà difficile…Alors du temps libre en même temps, elles ont intérêt à bien s’organiser.

Elle a l’impression que les commandes viennent juste d’être passées et pourtant, on vient déjà déposer leurs boissons juste devant elles. Bahi à l’air ravie du choix que l’Itzy a fait pour elle. Et le sentiment est partagé. Le thé que son amie lui a commandé sent divinement bon. « Ça a l’air délicieux, j’ai hâte de goûter ! » Mais elle devra attendre un peu avant de le faire, si elle ne veut pas se brûler la langue.

Il ne faut pas croire que quand on entre dans un band, on retrouve une certaine stabilité au bout d'un moment. Parce que c'est faux. En réalité, en entrant dans un groupe, on a tendance à s'effacer. Ou, du moins, mettre de côté sa vie personnelle et son bien-être, tout simplement. Voire, même, de les sacrifier. Ce qui n'est pas positif, dit comme ça. Et, même si on le disait autrement, ce ne serait toujours pas positif. Se consacrer à sa carrière, à ses fans, à son groupe, ça prend de l'énergie. Et c'est normal, en soit. C'est un peu pour ça que la jeune femme avait signé. Heureusement, d'une certaine manière, Kep1er n'était pas forcément le groupe le plus célèbre et donc le plus demandé. Mais cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas de boulot derrière. Voyez, elle a passé ses derniers mois à se demander si le groupe allait être reconduit ou si elle allait finir en carrière solo. Mais jamais, non jamais, elle n'avait pensé arrêté complètement la chanson. Est-ce que c'était possible, de toute manière ?

"Synchroniser nos agendas. Je n'ai jamais entendu une phrase aussi compliqué." fit-elle pour rire. Quoi que, pas tout à fait. Parce que c'était réellement compliqué de synchroniser leurs agendas. Heureusement qu'elle n'avait pas de gros gros projets dans peu de temps. De concert ou de tournée. "Je peux me libérer facilement pour le moment. Tu n'auras qu'à me dire quand tu as des disponibilités et j'essaierai de m'y adapter.". Seul bon côté du fait qu'elle soit tout juste reconduit, elle et son groupe. Même si elles ne restaient pas toutes dedans. N'être que sept au lieu de neuf, ça met un petit coup au moral. Si, donc, pour le moment il y avait un peu de temps, Bahi se dit qu'il serait bon de préciser : "Mais ça devra se faire assez rapidement. Parce qu'on va avoir du boulot dans pas si longtemps que ça. Il va falloir écrire des chansons etc...".

La blonde regarde finalement sa boisson qui vient d'arriver, presque déçue de ne pas pouvoir la boire tout de suite. Puis son ventre se mit à gargouiller très légèrement. Ce qui fit rire la blonde qui mis une main sur son propre ventre. "Oups.". Elles étaient dans un endroit où elle pourrait manger quelque chose, mais elle faisait attention à sa ligne. Il en fallait peu pour commencer à se faire traiter de grosse par des "fans". Et elle avait bien assez de soucis comme ça.

La folie de sa vie, elle ne l’échangerait pour rien au monde. Elle a ce sentiment que sa vie défile à cent à l’heure, qu’elle a à peine le temps de se poser, de réfléchir, d’être face à elle-même. Et cela fait partie de ce qui lui plait dans son appartenance à Itzy. Bien entendu, parfois, elle aimerait qu’il existe un bouton pause pour pouvoir souffler un peu. Mais c’est justement et très précisément ce qui rend chaque instant si unique et si intense. C’est plus facile, peut-être, de vivre tout ça en faisant partie d’un groupe. Elle ne sait pas comment elle ferait sans les autres membres, qui sont non seulement des amies, mais qui sont également comme des membres de sa famille à présent. Serait-elle capable de supporter la pression, les heures de travail, le stress, les exigences et tout ce qui vient avec le métier si elle était seule ? Elle n’en a aucune idée…Et elle espère très sincèrement ne jamais avoir à se poser la question. Même si elle sait qu’aucun groupe n’est jamais éternel, elle préfère pour le moment ne pas penser à la fin. Bien sûr, elle arrivera un jour. Mais ce jour n’est pas prêt d’arriver, et elle espère qu’elle le verra venir pour s’y préparer.

« La phrase est simple, c’est sa mise en application qui est difficile. » Pouffe Ryu-Jin. C’est la plus belle des illustrations de la folie de sa vie…Ainsi que de celle de son amie. Trouver un peu de temps libre pour soi, c’est toujours faisable. Mais que ce temps libre s’adapte à une autre personne, surtout du même monde qu’elle…Cela peut s’avérer compliqué. Très compliqué. Heureusement, pour une fois, cela semble plus simple qu’à l’accoutumé. Un peu de facilité rare dont il faut profiter ! Des étoiles brillent dans ses yeux. « Génial ! » Elle pourrait sauter de joie…Si elles n’étaient pas dans un lieu public. Un peu de discrétion était presque un prérequis pour pouvoir sortir. Simple, mais rapide. Elle attrape son téléphone pour trouver une date au plus proche, avant que son amie ne soit débordée de nouveau. « J’ai un week-end de libre dans deux semaines. » Glisse-t-elle. Plus qu’à voir si ça peut se faire ou pas. Elle en aurait bien besoin, mine de rien. Son amie aussi, il semblerait.

Sa boisson sentait si bon qu’elle en était presque déçue de devoir attendre qu’elle refroidisse pour pouvoir la boire. Et en face d’elle, cela semblait être le même combat : Bahi n’avait pas encore touché à sa tasse fumante non plus. Et son estomac se décida à faire entendre son mécontentement. Ses doigts glissent vers la carte. « On devrait manger un truc, non ? » Elles étaient soumises à un régime strict, mais tant qu’elles ne partaient pas trop dans l’excès, cela devrait aller. Enfin, théoriquement.

Lorsqu'elles avaient commencé à parler de week-end détente, avec Ryu-Jin, son amie s'était dit que ce serait sympathique, mais plus la conversation avançait, plus elle se disait que ce serait même plus que bienvenue. Le soucis étant : il fallait trouver un week-end où elles seraient toutes deux libres. Heureusement pour elles, Bahi n'avait pas un gros emploi du temps ces prochaines semaines. "Parfait. Ce sera juste avant le retour au plus gros du boulot, si je ne dis pas de bêtises. Alors ça me va très bien.". Elle sortie donc son téléphone et regarda les disponibilités sur un site de réservation. Comme ce n'était pas très clair pour elle, elle décida d'appeler. "Je réserve ?" demanda-t-elle tout de même avant pour être sûre que ce serait bon pour elle. A vrai dire, il fallait réserver assez tôt, pour cet hôtel. Quoi qu'avec un peu de chance on pouvait le faire au dernier moment. Pourtant, Bahi ne s'y risquerait pas. Et puis dans le genre pressée, elle n'était pas mal, pour le coup.

"Oui, mais je ne sais pas trop...". La jeune femme ne voulait pas manger quelque chose qu'elle ne devrait pas et être seule, avec Ryu-Jin était quelque chose qui ne l'aiderait pas. Dans le sens où, en général, en sa présence, elle aimait faire ce qu'elle voulait. Et n'avait pas forcément de grandes limites ou, pire, ne se rendait pas toujours compte de ce qu'elle faisait ou mangeait. Ce qui était mi positif, mi négatif. "Oui, bon, aller. Je vais juste appeler avant."

Lorsque son amie lui confirma qu'elles pouvaient réserver, la blonde appela et...le fit. Tout simplement. L'excitation était présente pour la belle qui n'avait pas eu de vrai repos depuis des mois. Elle avait donc hâte d'être à deux semaines plus tard.

L’emploi du temps chargé ne laisse que peu d'options à proposer à son amie. Par chance, ces quelques jours de creux tombent avant un rush dans le planning de son amie. Il ne lui en faut pas plus pour mettre une note dans son agenda - histoire de ne rien prévoir sans s’en rendre compte. S’emballer sur une idée, une sortie, c’est facile et rapide. La preuve, c’est que le début d’organisation de ce week-end est parti d’un rien. « C’est une chance ! » Commente l’Itzy. De longs mois auraient pu s’écouler avant des dates libres communes. Cela arrive, parfois, avec d’autres de ses amies chanteuses. Ce n’est pas facile de garder un lien, mais elles y arrivent malgré tout. Peut-être que c’est parce que quand on est du métier, on sait ce que c’est. Et on ne voit pas vraiment le temps passer, non plus. Ryu-Jin a parfois l’impression d’avoir fait ses débuts la veille. « Oui, sinon on ne pourra pas y aller ! » Ce n’était pas le genre d’endroit où on pouvait simplement se présenter pour qu’on vous laisse entrer. C’était bien trop prisé, bien trop complet à longueur de temps.

Elle sentait son amie réticente à l’idée de manger quelque chose. Est-ce que quelqu’un avait osé lui faire une remarque sur son poids ? Cela arrivait, parfois, que les fans ou membres de l’industrie commentent le moindre changement de physique. Mais elles pouvaient bien se faire plaisir de temps en temps. Le tout était de faire attention par la suite. « Si tu culpabilises, tu prendras une salade demain ! » Elle était de ceux qui mangeaient rarement le soir – la fatigue la faisait s’écrouler avant de pouvoir avaler un morceau. Cela avait parfois ses avantages, comme aujourd’hui. Les calories de la journée se répartissaient en moins de repas, qui pouvaient donc être plus riches. Elle ignorait si c’était ses arguments ou juste l’envie de son amie qui l’avait fait prendre la décision de commander un truc après avoir réservé. Toujours est-il que c’est agréable, l’idée de partager un bon repas en bonne compagnie.

Elle profita que Bahi soit au téléphone pour interpeller la serveuse. A voix basse pour ne pas déranger la communication, elle lui demanda de leur apporter la carte des repas. Elle revint avec les dépliants une fois que son amie eut raccroché et validé la réservation. « Fêtons ça dignement ! » Déclara-t-elle en consultant le menu. « Regarde, il y a des assiettes d’assortiments à partager ! » Joignant le geste à la parole, elle désigna la ligne correspondante sur la carte. « Ça te tente ? » Rien de tel pour goûter des tas de choses différentes.

Un endroit prisé était forcément un bon endroit. Un endroit agréable où se ressourcer. Ou, plutôt, un hôtel prisé était forcément un bon endroit. Parce qu'il y avait des parties de la villes qui étaient extrêmement populaires, mais qui n'avaient rien de positif. En tout cas, la belle blonde était heureusement de ce week-end en prévision. Les deux filles allaient forcément passer un bon moment. Comme quoi, quand on voit quelqu'un, une amie, on ne sait jamais comment on va repartir de ce rendez-vous. Et, mieux encore, on ne sait jamais dans quel état nostalgique ou heureux nous nous retrouverons. Ryu-Jin avait un effet plutôt positif sur Bahi qui ne voyait jamais le temps passer avec elle. La preuve, la jeune femme, qui n'était pas très à l'aise à l'idée de manger quelque chose là, maintenant, allait prendre la décision de le faire quand même. Il faut savoir se faire plaisir et, surtout, il faut savoir subvenir à ce genre de besoins. Besoin de se nourrir, dans cet exemple.

"Bon, d'accord.". Bahi sourie légèrement à son amie avant d'appeler pour réserver. Pendant ce temps, Ryu-Jin appela la serveuse. Quand la blonde eu terminé avec son appel, elle regarda la carte et fut surprise de voir autant de choix. Bon, après tout, elles n'étaient pas n'importe où. La culture culinaire était plutôt sympathique et variée. "Aller, ça me va.". Pour accompagner ses paroles, Bahi appela la serveuse et lui demanda si elles pouvaient avoir ces fameuses assiettes à partager. La remerciant, la plus jeune des deux jeunes femmes retourna son attention vers la plus vieille. "Dis moi, quoi de neuf du côté amoureux ?". Oui, le sujet changeait complètement. Cela pour ne pas parler du fait que la jeune femme avait eu du mal à se dire que, non, manger n'allait pas lui faire prendre dix kilos. "Tu n'es pas obligée de répondre, bien sûr.".