Tu souris à ta tante sans trop de misère, sachant très bien qu'elle est exubérante, mais ne pouvant faire autrement que de trouver le tout comique. Elle est attachée à ton bras depuis le début de la soirée et c'est avec beaucoup de misère que tu viens de réussir à l'envoyer discuter avec ton oncle, rire au bout des lèvres. La plupart des neveux trouveraient cette femme énervante, mais pour toi il n'en est rien. Elle a toujours été aimable avec toi et peut-être qu'elle est un peu zélée, mais tu sais que c'est simplement parce qu'elle t'apprécie et est fière de toi. Tu profites donc du répit pour discuter un peu avec ta mère en retrait, lui demandant de ses nouvelles. Tu ne l'a pas croisé depuis plusieurs semaines puisque cette dernière était en voyage, mais tu sais qu'elle a de nouveau eu une querelle avec ton père et c'est pourquoi tu t'inquiètes de sa personne. Tu n'es pas le genre d'homme à te disputer en temps normal, mais même toi a fréquemment des prises de tête avec ton père. Tu sais donc à quel point il peut être intense lorsqu'il a envie de prouver un point et avoir raison.

"Oui je mange bien. C'est promis." Tu souris lorsqu'elle te pose la question, sachant très bien qu'elle le fera à nouveau la prochaine fois qu'elle te croisera. Depuis que tu as été victime de commentaires désobligeants en étant encore mineur, elle a tendance à te surprotéger, mais tu mentirais si tu prétextais ne pas apprécier l'attention qu'elle te donne. Heureusement, elle n'est pas non plus du genre à faire du favoritisme à ton égard et laisser ton frère et ta soeur de côté. Pour cette raison, tu ne te sens donc pas coupable d'apprécier qu'elle se préoccupe de toi même lorsque tout va bien.

Tu aurais préféré lui parler dans un autre climat, mais être seul avec elle n'est pas possible ce soir. Si tu es dans cet hôtel présentement, c'est pour fêter les cinquante ans de mariage de tes grands-parents. Ce qui est le plus surprenant? C'est que tu n'es pas la seule célébrité dans la salle louée à cette occasion, ce soir. Tu y a croisé quelques collègues, mais a également aperçu un ou deux visages connus. Tu sais que ton grand-père a des connexions dans le milieu, mais tu n'as jamais compris comment cela était possible. Après tout, il est loin de travailler dans le show-business, ce qui est donc quelques peu insolite. Tout ce que tu espères, par contre, c'est qu'on ne t'aura pas attitré une chambre d'hôtel avec n'importe qui, ce soir. Tu fais partie de ceux qui restent jusqu'à la fin de la soirée pour aider et on t'a donc loué une chambre d'hôtel. Tu as toute fois cru comprendre que c'était une chambre partagée , bien que tu ne saches pas encore avec qui.

Le coeur au bord des lèvres à encore entendre parler ce débris qui terminera sa vie dans un vieil hôpital miteux. Aucune envie de partager un moment de discussion avec quelqu'un qui ne connait rien en la musique. Avoir essayé de lui faire comprendre que l'on est connu, que le temps est précieux et qu'aucune envie de partager un espace commun avec ce restant de la société était envisageable. Et pourtant, il n'a de cesse de parler et de s'ouvrir la bouche pour parler de ses petits-enfants comme sa plus grande fierté. Être ici pour accompagner sa grand-mère paternel, s'y sentir obligé. Avoir mis de côté ses activités avec ses amis pour devoir tenir jasette avec des gens que l'on préfère ignorer. Comme ce vieux papi qui ne cesse de sourire à sa femme des dernières cinquante années. Savoir qu'elle n'a pas été toujours fidèle à lui et la comprendre. Ne pas être capable de le calculer. Parler sans rien dire, radoter. Se croire invincible, croire que la vie se résume à adorer sa propre famille. Ne pas faire partie de sa famille et en être plus qu'heureux.

Continuer de l'ignorer, rouler des yeux. Sa grand-mère qui vient passer sa main dans ses cheveux, les déplacer. Soupirer et la regarder partir, ne pas comprendre pourquoi on reste ici. Ne pas être ami avec personne, vouloir simplement partir. Et continuer sagement sa vie. Replacer ses cheveux et taper un clin d'oeil à beaucoup plus vieille que soi. Au moins vingt ans, peut-être vingt-cinq. La suivre du regard, continuer de refuser d'écouter le débris et lui fausser compagnie. Le laisser seul, tout comme il mourra d'ici peu. Être heureux de ne pas être lui. Avoir une famille, non intéressant. Même chose pour sa peau devenue flétrie avec le temps. Le coeur qui lève à certaines pensées. Avancer vers cette créature devenue plus brillante que les autres. Vouloir lui parler à tout prix, vouloir connaitre le son de sa voix. Son nom importe peu, tout comme comment elle peut être présente ici. Vouloir l'enlever et la faire sienne.

Sourire charmeur aux lèvres, regard intense et une démarche plus qu'assurée. Savoir plaire, savoir être capable d'avoir ce que l'on désire. Et tout faire pour y arriver. Cette soirée est bien trop moche pour une femme telle que vous. Je peux vous inviter à prendre un café ? Le regard qui dévie de ses yeux à plus bas et en faire une petite fixation. Rester placé ainsi quelques secondes, avant de se rendre compte que la femme d'expérience n'est pas seule ce soir. Qu'un homme se trouve à ses côtés. Un peu jeune pour être son conjoint mais même si le cas aurait été possible, ne pas s'en soucier. Avoir toutes les cartes dans son jeu pour arriver à plaire à toutes les dames ici présentes.

Tu n'as jamais compris pourquoi ta mère croyait que tu te laissais mourir de faim. Jamais tu n'as eu un poids alarmant et elle sait pourtant que tu adores la nourriture. Tu sais fort bien que depuis que tu as fait une légère dépression lors de ta début vingtaine elle s'inquiète, mais tu ne lui as pourtant jamais donné raison de se faire à nouveau du soucis. Tu imagines que c'est simplement ainsi qu'agissent les parents lorsqu'ils aiment leurs enfants. Tu ne sais pas si un jour tu auras la chance de devenir père, ne sachant même pas si c'est un souhait que tu aimerais voir se réaliser ou non. Après tout, tu approches déjà la mi trentaine donc cette idée te semble de plus en plus irréaliste, surtout en voulant bien faire les choses.  

Tu vois un homme s'approcher du coup de l'oeil, mais tu ne lui porte pas vraiment attention, sourire aux lèvres en regardant ta mère. Sur le moment, tu as l'impression qu'il s'agit peut-être de ton frère qui ose enfin montrer le bout de son nez, mais il ne semble pas posséder la même carrure que ce dernier. Tu finis par te retourner lorsqu'il est au niveau de ta mère et toi, s'adressant à la femme qui t'a donné la vie de manière un peu trop.. flatteuse? Tu hausses un sourcil en le dévisageant, ne sachant trop si tu devrais ou non lui dire de partir. Après tout... ta mère est libre d'accepter ou non ce café même si ça semble terriblement déplacé.

"Ne soyez pas ridicule, vous êtes plus jeune que mon fils voyons." Elle pouffe de rire et tu ne comprends pas trop ce qui est entrain de se passer, mais tu n'es pas certain d'être très à l'aise. Il est plus jeune que toi, non? Ça te semble fort discutable, même si tu gardes la bouche fermée. "Discutez plutôt avec une femme de votre âge monsieur Jaehyun. Je suis loin d'être intéressée par ce café." Elle semble le connaître et son visage te dit quelque chose, mais tu n'arrives pas à mettre le doigt dessus, même avec son prénom. Il est connu, non? "Vous vous amusez bien?" Tu le dévisage un peu, mais sans aucune hostilité. Après tout, c'est vrai que ta mère est une belle femme, même si tu n'approuves pas ce genre de flirt. Tu es du genre plutôt timide, qui préfère les relations amicales qui évoluent plutôt que ce genre de rentre dedans. "Ton père m'attend pour discuter, amusez vous bien les enfants." Elle te donne un baiser la joue de manière spontanée, n'accordant pas un nouveau regard à son interlocuteur que tu espères ira chercher une autre femme ailleurs.

Fausser compagnie au débris, faire sa petite vie jusqu'à trouver mieux à se mettre sous la dent. Ne pas avoir pris son âge ou plus jeune. Aimer les femmes d'expérience, celles qui peuvent facilement passer pour maman Lee. Ne pas s'en cacher. Ceci n'est pas une passe de quelques semaines. Avoir toujours été ainsi, s'amuser plus avec une femme d'âge mûre, qu'une jeunesse de vingt ans. Plus d'expérience en la vie en général et ces dernières ont tendance à vouloir gâter. Peur de perdre.

Laisser derrière les petits fours et les verres de champagne qui s'accumulent, ne pas comprendre pourquoi autant de gens sont présents pour célébrer une union qui ne durera que quelques années encore. La mort sera douce lorsqu'elle croisera l'un ou l'autre. Si ce n'est pas les deux prochainement. Ne pas connaitre personne, s'en foutre. Savoir que ces gens, on ne les reverra pas. Ou peut-être à l'enterrement du débris dans les mois à venir. Espérer ne pas y être invité. Trouver chaussure à son pied, y faire les yeux doux. Prendre son temps pour l'apprivoiser, avoir croisé son regard quelques fois durant les dernières minutes, à l'autre bout de la pièce. Espérer, dans tout les cas, que c'est bien son regard qu'on avait croisé. La trouver de son goût, aimer le genre de personnalité qu'elle peut dégager. La croire pleine de cash, un bien en plus.

Proposer un café, se faire retourner. Avoir pensé au café au lieu d'alcool. Certaines femmes en préfère. Croire que l'on s'est trompé, se maudire, refuser d'admettre sa défaite. Elle part, détester ce genre de comportement. S'être pris peu au sérieux lors de la première approche, s'en mordre maintenant les doigts. Mais quelle pouff ... Attraper le premier verre que l'on voit apparaitre devant ses yeux. Cul sec. Le donner à l'homme tout près, celui qui a reçu un baiser de la belle, avant de rejoindre cette femme qui a fait quelques pas seulement devant. L'attraper par la taille, se rapprocher un peu trop. Une danse dans ce cas ? Insister. Ne pas avoir l'habitude des refus, des remises derrière et de se faire dire non. Un non accompagne toujours un oui. L'évidence même.

Bien loin de la personnalité que tu peux dégager à l'écran à cause de tes nombreux rôles plus sombres, tu es plutôt le genre de garçon réservé et introverti. Tu n'aimes pas les esclandres et les bagarres. Probablement la raison pour laquelle tu apprécies bien ce genre de personnage. Être une personne complètement différente de ta personnalité, c'est ce qui te plait dans le métier d'acteur. Les petits sitcoms d'amour et kdramas romantiques, ce n'est pas pour toi. Il faudrait vraiment qu'il s'agisse d'un rôle exceptionnel pour que tu acceptes. D'années en années, tu t'es rendu compte que tu préférais de loin les histoires fantastiques aux plus conventionnels.

Ce qui fait, en sommes, que cette situation n'est pas dans tes habitudes. Tu croises souvent des gens déplaisants, mais tu préfères les laisser parler que de faire des scènes. Présentement, c'est plus compliqué qu'en temps normal. Le jeune homme en question, qui est fort probablement plus jeune que ta personne, est entrain de harceler ta mère. Si tu es conscient qu'elle est bien capable de se défendre par elle-même, tu n'aimes pas du tout assister à ce genre de comportement. Ta famille et toi êtes en bon terme et même si ce ne serait pas le cas, c'est la femme qui t'a donné la vie. Tu as donc un respect inconditionnel envers elle.

Quand tu l'entends la traiter de pouffe, tu te retiens de ne rien dire, te disant qu'il va fort certainement juste quitter votre chemin et partir flirter plus loin. Malheureusement, il retourne vers ta mère et si au départ elle lui répond par elle-même, le fait qu'il insiste à nouveau commence à te taper fort royalement sur le système. "Elle a dit non de manière très clair il me semble." Tu mets une main sur le torse du jeune homme pour le pousser un peu, de manière encore acceptable et sans provocation. Tu te doutes qu'il ne prendra pas le tout ainsi, mais cela t'importe peu maintenant. Tu trouves qu'il va beaucoup trop loin. Ta mère te sourit avant de quitter la salle, te laissant donc avec le fouteur de trouble. Tu n'as pas l'intention de lui donner plus d'attention qu'il n'en a déjà, mais il a quand même piqué un peu tes nerfs à vif. "Vous harcelez toujours les femmes ainsi?" Le fait qu'elle soit plus âgée que lui n'est pas nécessairement le problème ici, c'est son agissement à un refus clair et net. À plusieurs reprises, de plus est. Elle a même fait mention de ton père devant lui et si tu sais qu'il ne sont plus un couple, ce n'est pas son cas. Tu as très peu de respect pour les gens qui agissent comme lui le fait.

Insister, ne pas aimer se faire dire non. La trouver ordinaire, être certain que les invitations ne pleuvent pas tout les jours. Elle devrait accepter ... Elle DOIT accepter. Aucune négation n'est accepté et ne le sera tout au long de cette journée. Come on papi, mêles toi de se qui te regarde ... Le regarder de haut, ne pas aimer son attitude. S'il avait l'intention de se taper cette femme, c'était à lui de s'en approcher avant. Avoir l'impression de se la faire voler, ne pas être en accord avec cette décision. Se faire pousser légèrement par cet homme, ne pas apprécier. Loin de l'apprécier même. Laisser la femme partir sans faire une histoire, grogner légèrement son mécontentement. Ne pas avoir l'habitude d'un refus et surtout, d'un homme entrant en scène. Une sorte d'héros, voulant protéger sa conquête. T'as qu'à t'en trouver une autre. T'avais pas vu qu'elle était prise celle-là ? Ne pas le connaitre mais le détester royalement. Le trouver laid, insignifiant et au combien emmerdant. Être triste de ne pas avoir pris un peu plus d'alcool ce soir pour lui dire franchement sa façon de penser. Savoir que ce n'est pas le temps, que l'endroit ne s'y prête pas non plus. Endroit parfait pour rencontrer quelqu'un mais non un homme plus âgé voulant se mettre entre tes pattes. Je ne suis pas intéressé mon cher, va voir ailleurs. Le contourner, ne pas vouloir avoir de problèmes avec lui. Aucune conversation, chercher plutôt une manière de sortir de son aura et de trouver une autre femme à courtiser. Ou peut-être la même. Ne pas être encore prêt à la laisser partir.

Lever les yeux en l'air, vouloir avoir un peu la paix. Être dégoûté de l'agissement de l'homme en question, ne pas vouloir se recoller à lui. Vouloir mettre de la distance, vouloir retrouver cette femme qui a fait battre le coeur un peu trop vite. Tu devrais aller me chercher un verre au lieu de rester planté là. Le prendre pour son larbin, pour son serviteur. C'est bien tout ce qu'il mérite de toute façon.